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Cercle poetique Sainte-Victoire
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14 décembre 2009

Conte de Noël

En avant-première, un joli conte de Noël, offert et écrit par Michel Cahour, membre du Cercle Poétique

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Le père Noël à la maison de retraite

   Dans la maison de retraite, les vieux – les résidents – attendaient impatiemment Noël. Noël, la fête des enfants. Mais la plupart des vieux – des résidents – étaient redevenus des enfants. Ils revivaient ces jours anciens  - 70 ans, 80 ans plus tôt – où  ils espéraient la venue du père Noël, rêvant aux cadeaux qu’il leur apporterait. Ils retrouvaient dans leur mémoire - ah comme ils se souvenaient de ce temps-là, eux qui ne se rappelaient plus ce qu’ils avaient fait la veille ! -, de cette lettre qu’ils envoyaient au père Noël :  « Cher père Noël, comme tu le sais, j’ai été très sage cette année. Pourrais-tu m’envoyer un meccano (ou un jeu de construction ou une poupée en porcelaine qui fait pipi et dit maman)  - ils ne savaient pas évidemment que les enfants maintenant demandent une charlotte aux fraises, la ville des Pitchups, la panoplie de starwar, vaisseau spatial, un robot, un jeu vidéo ou d’autres gadgets électroniques –  J’espère que tu pourras passer par la cheminée. J’ai laissé mes chaussures près du sapin. Merci beaucoup, cher père Noël. »
   Le personnel de la maison de retraite leur avait dit de mettre leurs chaussures, leurs vieilles godasses usées par les années, déformées par les cors et les oignons, près du sapin qu’il avait décoré de boules multicolores. Il y déposerait pendant la nuit comme faisaient leurs parents autrefois une orange et un paquet de biscuits. Ce serait leur cadeau.
   Après le réveillon, les résidents gagnèrent leur chambre. Chacun rêvait au meccano, au jeu de construction ou à la poupée que le père Noël allait leur apporter. Comme ils étaient heureux de revivre leur enfance, leurs jeux, leurs ébats, leurs émois, « le vert paradis des amours enfantines » ! Mais c’était une enfance imaginaire. Tout se passait dans leur tête. Parfois la vie réelle les reprenait. Assis dans leur fauteuil roulant ou appuyés sur leur déambulateur, ils retrouvaient leur prothèse de la hanche, leurs rhumatismes, leur arthrose, leur vue qui baissait (certains devenaient aveugles, d’autres n’entendaient plus), toutes ces douleurs inévitables qui assombrissaient leur vieillesse. Alors, ils replongeaient dans leur enfance. Ils revoyaient leurs parents, leurs frères et sœurs, la chaleur du foyer d’autrefois, les câlins, les papouilles, le baiser du soir avant d’aller dormir. Et cette nuit-là – et c’était peut-être aussi à cause du champagne qu’ils avaient bu au réveillon – ils s’endormirent dans la douceur de leur enfance.
   Le matin de Noël, on entendit d’étranges bruits dans la maison de retraite. Des rires d’enfants, des cris joyeux. Les résidents sautaient sur leurs lits, couraient vers les chambres voisines, se battaient à coups de polochons, se poursuivaient dans les couloirs, dévalaient quatre à quatre les escaliers, chahutaient les aides-soignantes qui ne savaient plus où donner de la tête.
   Le père Noël, cette nuit-là, avait donné aux résidents, aux vieux de la maison de retraite, le cadeau qu’ils n’osaient plus attendre : il leur avait redonné leur enfance.

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