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Cercle poetique Sainte-Victoire
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23 mai 2009

Soirée de lectures poétiques du 20 mai : Jean de La Fontaine

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« Je me sers des animaux pour instruire les hommes »




Né le 08 septembre 1621
Décédé le 13 avril 1695
Jean de La Fontaine  est un poète, moraliste, dramaturge, librettiste et romancier français.
Issu d'une famille relativement bourgeoise, Jean de La Fontaine passe toute son enfance et son adolescence en Champagne. Après avoir suivi, sans vraiment s'y intéresser, des études de théologie et de droit, il hérite de la charge de maître des Eaux et Forêts de son père. Il s'installe ensuite à Paris, où il fait la connaissance de Nicolas Fouquet - alors surintendant des Finances de Louis XIV - qui le prend sous sa protection et lui accorde une pension. La Fontaine prendra d'ailleurs la défense de son protecteur quelques années plus tard dans une 'Elégie aux nymphes de Vaux', adressée au roi.
La Fontaine publie ensuite des 'Contes et nouvelles', d'inspiration libertine, qui lui valent ses premiers grands succès, mais qu'il reniera pourtant à la fin de sa vie. Il fréquente les salons parisiens, est élu à l'Académie française. Alors que la querelle des Anciens et des Modernes débute, il se range du côté des Anciens. Entre temps, il publiera ses recueils de 'Fables', grâce auxquels il passera à la postérité. Inspirée principalement d'Esope, mais aussi d'Epicure et des Stoïciens, Jean de La Fontaine donnera ses lettres de noblesse à la fable, genre populaire et rustique par excellence car "plaire" et "instruire", telle est sa devise.

les_animaux_malades Les animaux malades de la peste

Un mal qui répand la terreur,

Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste [puisqu'il faut l'appeler par son nom]
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.

le_corbeau_et_le_renard

Une Version argotique dont on connaît le créateur : Bernard Gelval. Elle parut en 1945 dans une traduction en argot des Fables de La Fontaine. Le fantaisiste Yves Deniau la reprenait sur scène ( dans l’après-guerre ).

corbac_et_goupil

La_cigale_et_la_fourmi

cigale_et_fourmi_argot

Le_li_vre_et_la_tortue

L_amour_et_la_folie




L'amour et la folie



Tout est mystère dans l'amour,
Ses flèches, son carquois, son flambeau, son enfance :
          Ce n'est pas l'ouvrage d'un jour
          Que d'épuiser cette science.
Je ne prétends donc point tout expliquer ici:
Mon but est seulement de dire, à ma manière,
          Comment l'aveugle que voici
(C'est un dieu), comment, dis-je, il perdit la lumière,
Quelle suite eut ce mal, qui peut-être est un bien;
J'en fais juge un amant, et ne décide rien.

La Folie et l'Amour jouaient un jour ensemble
Celui-ci n'était pas encor privé des yeux.
Une dispute vint: l'Amour veut qu'on assemble
          Là-dessus le conseil des dieux;
          L'autre n'eut pas la patience;
     Elle lui donne un coup si furieux,
          Qu'il en perd la clarté des cieux.
          Vénus en demande vengeance.
Femme et mère, il suffit pour juger de ses cris:
          Les dieux en furent étourdis,
          Et Jupiter, et Némésis,
Et les juges d'enfer, enfin toute la bande.
Elle représenta l'énormité du cas:
« Son fils, sans un bâton, ne pouvait faire un pas :
Nulle peine n'était pour ce crime assez grande :
Le dommage devait être aussi réparé. »
          Quand on eut bien considéré
L'intérêt du public, celui de la partie,
Le résultat enfin de la suprême cour
          Fut de condamner la Folie
          A servir de guide à l'Amour.

jenvve



La jeune veuve




La perte d'un Époux ne va point sans soupirs,
On fait beaucoup de bruit, et puis on se console.
Sur les ailes du Temps la Tristesse s'envole ;
               Le Temps ramène les plaisirs.
               Entre la Veuve d'une année
               Et la Veuve d'une journée
La différence est grande : on ne croirait jamais
               Que ce fût la même personne :
L'une fait fuir les gens, et l'autre a mille attraits.
Aux soupirs vrais ou faux celle-là s'abandonne ;
C'est toujours même note et pareil entretien :
               On dit qu'on est inconsolable ;
               On le dit, mais il n'en est rien,
               Comme on verra par cette fable,
               Ou plutôt par la vérité.
               L'Époux d'une jeune Beauté
Partait pour l'autre monde. A ses côtés, sa Femme
Lui criait :  Attends-moi, je te suis ; et mon âme,
Aussi bien que la tienne, est prête à s'envoler.
               Le Mari fait seul le voyage.
La Belle avait un Père, homme prudent et sage :
               Il laissa le torrent couler.
               A la fin, pour la consoler,
Ma fille, luit dit-il, c'est trop verser de larmes :
Qu'a besoin le Défunt que vous noyiez vos charmes ?
Puisqu'il est des vivants, ne songez plus aux morts.
               Je ne dis pas que tout à l'heure
               Une condition meilleure
               Change en des noces ces transports  ;
Mais après certain temps souffrez qu'on vous propose
Un époux beau, bien fait, jeune, et tout autre chose
        Que le Défunt. Ah ! dit-elle aussitôt,
               Un cloître est l'époux qu'il me faut.
Le père lui laissa digérer sa disgrâce.
               Un mois de la sorte se passe.
L'autre mois, on l'emploie à changer tous les jours
Quelque chose à l'habit, au linge, à la coiffure.
               Le deuil enfin sert de parure,
               En attendant d'autres atours.
               Toute la bande des Amours
Revient au colombier ; les Jeux, les Ris, la Danse,
               Ont aussi leur tour à la fin :
               On se plonge soir et matin
               Dans la fontaine de Jouvence.
Le père ne craint plus ce défunt tant chéri ;
Mais comment il ne parlait de rien à notre Belle :
               Où donc est le jeune mari
               Que vous m'avez promis ? dit-elle.

sligne

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